Les cornemuses sont des instruments de musique à vent à anches. Il en existe plus d’une centaine de types dans le monde. Sa répartition géographique correspond à l’Europe entière, au Caucase, au Maghreb, au golfe Persique et va jusqu’à l’Inde du Nord.

Les origines de la cornemuse sont lointaines et difficiles à déterminer étant donné le peu de traces archéologiques dont on dispose aujourd’hui. Elle est mentionnée dès l’époque gréco-romaine : les Grecs l’appelaient ἄσκαυλος / áskaulos et chez les Romains elle se nommait tibia utricularis. On suppose que la cornemuse prendrait ses origines en Égypte antique car de nombreuses représentations de chalumeaux doubles, tant chez les Grecs (aulos bicalame, de calamus « roseau en latin ») que chez les Égyptiens montrent l’importance de cet instrument. Des débris de ce dernier ont été retrouvés dans des pyramides égyptiennes datant d’environ 300 ans av. J.-C., Aristophane (≈450-386 av. J.-C.) poète comique d’Athènes s’en moquait déjà.


En théorie, il serait arrivé en Europe grâce aux Grecs, puis aux Romains et au commerce avec les peuples de tout le pourtour du bassin méditerranéen. En effet, d’après Procope (fin Ve s. – vers 562), cet instrument aurait été l’instrument de marche des légions romaines. Mais aucun élément matériel, ni aucune autre référence littéraire ne permet de conforter cette théorie au vu du peu de témoignages dont nous disposons.

Il n’y a pas de nom ancien pour désigner les cornemuses qui soit commun à toutes les langues appartenant à des familles linguistiques différentes, ni même au sein de la même famille linguistique, voire à l’intérieur d’un même groupe de dialectes. Il n’existe aucun mot connu en celtique commun pour désigner la cornemuse, ni même en gaulois, ni en brittonique et ni en gaëlique, signe que cet instrument est parvenu tardivement dans les pays de langues celtiques.

Il est possible que plusieurs versions de cet instrument aient été créées simultanément dans diverses régions vers la même époque ou à des époques différentes, jusque dans des régions fort éloignées les unes des autres. Il faut établir des regroupements (par exemple le continuum Europe antique-Inde) et essayer d’établir une chronologie d’après les mentions anciennes dans les documents et les découvertes archéologiques.


L’adjonction d’un réservoir (poche) à un hautbois à anche double ou à anche simple, constitue l’une des particularités de l’instrument qui permet alors un jeu continu (similaire au souffle continu) et puissant, une autre étant l’adjonction de tuyaux complémentaires à anche simple ou double (semi-mélodique ou bourdon) amplifiant encore la puissance sonore et l’effet polyphonique. Elle est composée d’un sac en peau (chèvre, de mouton, vachette…) d’un tuyau mélodique et peut avoir plusieurs tuyaux de bourdons. Utilisée dans la tradition musicale européenne depuis des siècles, la cornemuse a connu des variations selon les régions et les époques.



Instrument pastoral à l’origine, elle a développé au cours des siècles un répertoire à part entière qui culmine avec la musique de cour et la musique militaire.

Le joueur de cornemuse est appelé sonneur en France, mais aussi biniaouer en Bretagne. Il est appelé piper en Irlande et en Grande-Bretagne, píobaire en gaëlique irlandais, gaitero en Espagne, gaiteiro au Portugal.


Certains historiens pensent que les cornemuses ont été apportées en Écosse par l’invasion des légions romaines. D’autres soutiennent que l’instrument a été apporté sur l’eau par les tribus colonisatrices d’Irlande.

En Écosse, la cornemuse est un symbole national et est souvent associée à la musique celtique. Elle est utilisée lors de cérémonies comme les mariages, les funérailles ou les événements sportifs. Les joueurs de cornemuse ont souvent un rôle important dans la société écossaise et sont considérés comme des gardiens de la tradition musicale.


LISTES DES CORNEMUSES DES ILES BRITANNQUES

Ecosse

Great Highland Bagpipes : C’est peut-être la cornemuse la plus connue au monde. Elle est originaire d’Écosse et a acquis une large reconnaissance grâce à son utilisation dans l’armée britannique et dans les Pipes bands à travers le monde. Les versions primitives de cette cornemuse sont attestées pour la première fois en Écosse vers 1400.

Border pipes (cornemuses de la frontière) : Aussi appelée la « cornemuse des Lowland », jouée dans les Lowlands d’Ecosse, c’est la cornemuse traditionnelle du Sud de l’Ecosse et du Nord-Est d’Angleterre.

Les border pipe peuvent-être confondus avec la smallpipe écossaise, bien que ce soit un instrument très différent et beaucoup plus ancien.

Le nom, qui est moderne, fait référence à la région de la frontière anglo-écossaise, où l’instrument était autrefois commun. Certaines peintures de la fin du XVIIe siècle montrent des musiciens jouant de tels instruments. D’autres noms ont été utilisés pour l’instrument : Lowland pipes (les cornemuses des plaines) et Reel Pipes (cornemuses à bobine) en Écosse, et half-long pipes (cornemuses semi-longues) dans le Northumberland et Durham.

Scottish smallpipes : Le smallpipe écossais est une cornemuse jouée à l’aide d’un soufflet, redéveloppée par Colin Ross en 1980 et adaptée à partir d’un modèle plus ancien de l’instrument.

Bien qu’il existe des preuves de l’existence de petites cornemuses remontant au XVe siècle, la cornemuse moderne est peut-être la plus jeune à jouir d’une grande popularité, puisqu’elle n’existe sous cette forme que depuis le début des années 1980.

Il reste des exemples d’instruments historiques soufflés similaires, telle la Montgomery smallpipe soufflée à la bouche, datée de 1757, qui est conservée au National Museum of Scotland.

Pastoral Pipes : Bien que l’origine exacte de cette cornemuse soit inconnue. On en trouve avec ou sans clefs, avec des bourdons et mêmes des régulateurs. Le chanter est souvent indéfini.

Zetland pipes : une reconstruction de cornemuses qui auraient été apportées dans les îles Shetland par les Vikings bien que cela ne soit pas clairement attesté historiquement.

Une comparaison entre les Border pipe, small pipe et highland pipe:

 

Irlande

Uilleann pipes : Également connu sous le nom Irish pipes. C’est la cornemuse emblématique de la musique irlandaise.

Elle possède un jeu complexe utilisant un chanter à clefs pouvant aller sur 2 octaves, des régulateurs au nombre de deux à cinq (trois sur un full set), et trois (parfois quatre), bourdons.

Seamus Ennis, joueur de cornemuse irlandaise.

Great Irish Warpipes : La cornemuse est un instrument de guerre irlandais connue depuis l’époque médiévale. Le Warpipe ne différait de la Great highland bagpipe que par un seul bourdon ténor. Les warpipes irlandais sont tombées hors d’usage pendant des siècles en raison de leur interdiction par les Britanniques ; d’où la cornemuse écossaise a pris la place de la cornemuse irlandaise dans l’armée britannique. Les warpipes sont aujourd’hui des instruments rares uniquement jouées dans quelques orchestres militaires ou civils et par certains musiciens spécialisés.

Brian Boru bagpipes : cette cornemuse fut inventée en 1908 par Henry Starck, un fabriquant d’instruments de musiques à Londres. le nom fut choisi en l’honneur du roi d’irlande Brian Boru (941-1014) bien que cette cornemuse ne soit pas une reconstitution des cornemuses jouées au moment de son règne. Elle est apparentée à la Great Highland Bagpipe mais avec un chanter qui est augmenté de quatre à treize touches pour étendre les extrémités supérieure et inférieure de la gamme, ainsi que de quelques notes chromatiques. Elle possède un bourdon ténor à une octave sous le chanter, un bourdon baryton à la quinte sous le bourdon ténor, et un bourdon basse à deux octaves sous le chanter, (suivant le montage du drone des Northumbrian Smallpipes). Certaines conceptions ultérieures de ces cornemuses sont revenues à la configuration de la Great Highland Bagpipe de deux bourdons ténor et un bourdon basse.

Pastoral Pipes : Bien que l’origine exacte de cette cornemuse soit inconnue. On en trouve avec ou sans clefs, avec des bourdons et mêmes des régulateurs. Le chanter est souvent indéfini. Elle a évolué et pour donner les uilleann pipes modernes.

Angleterre et pays de galles

English Bagpipe : A l’exception de la Northumbrian smallpipes, aucune cornemuse anglaise n’a conservé une tradition ininterrompue. Cependant, d’autres cornemuses anglaises ont été reconstruites par Jonathan Swayne et Julian Goodacre.

Northumbiran Smallpipes : une petite cornemuse à soufflet avec un chalumeau fermé joué en staccato.

Border pipes : Aussi appelé les « Half-long pipes » dans le Nord-Est, communément confondue avec les smallpipes mais plus puissante. Traditionnellement jouée dans le nord de l’Angleterre ainsi que les Lowlands d’Écosse. Les Border pipes anglaises ont été reconstruites par Jon Swayne, et elles ont en commun avec les scottish lowland pipes d’avoir les bourdons dans une seule souche sur le dessus. La conception du chanter est plus proche de la cornemuse du centre français et utilise le même système de doigté « à moitié fermé ».

Cornish bagpipes : un type éteint de cornemuse à double chalumeau de Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre). Des luthiers tentent actuellement de les reconstruire sur la base de descriptions littéraires et de représentations iconographiques.

Welsh pipes: (Gallois : pibe cyrn, pibgod). Il y en a deux types, l’un descendant du pibgorn, l’autre vaguement basé sur la veuze bretonne. Les deux sont soufflés à la bouche avec un bourdon basse.

Yorshire bagpipes : La cornemuse du Yorkshire est un type de cornemuse originaire du comté du Yorkshire dans le nord de l’Angleterre. L’instrument est actuellement éteint, mais des sources datant de 1885 le décrivent comme étant familier à l’époque de Shakespeare.

La chercheuse moderne Kathleen Scott note que l’instrument a souvent été comparé à des truies, mais pas en raison de son son.

Lincolnshire bagpipes : une cornemuse à un bourdon éteinte vers 1850.

Lancashire bagpipes : largement mentionné dans l’« early modern literature » (L’histoire de la littérature du début de l’époque moderne (littérature des XVIe, XVIIe et en partie du XVIIIe siècle), ou littérature du début de l’époque moderne qui succède à la littérature médiévale et en Europe en particulier à la littérature de la Renaissance.)

Ceci n’est qu’un aperçu sommaire de ces cornemuses. Des articles spécifiques pour chacune paraîtront régulièrement.

Sources principales: bibliographie par Luc Monod.

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